Ce médicament stoppe les migraines avant même le début des symptômes

 

Un traitement autorisé aux États-Unis a une nouvelle fois prouvé son efficacité pour traiter les migraines dès les premiers signes.

Plus d’une personne sur dix est touchée par les migraines. À l’heure actuelle, si des traitements, de fond et de crise, sont disponibles (anti-inflammatoires, triptans, anti-épileptiques, anti-dépresseurs, bêta-bloquants…), ils ne sont pas efficaces pour tous les migraineux, et peuvent avoir d’importants effets indésirables et contre-indications. « Un certain nombre de patients ne répondent pas aux traitements, et on ne sait pas trop quoi faire », regrette le Dr Bruno Perrouty, neurologue. Avoir de nouveaux traitements dans l’arsenal thérapeutique est donc un enjeu de taille.

Un traitement, appelé Ubrelvy (ubrogépant), fait partie d’une nouvelle classe de médicaments : les antagonistes oraux du récepteur du CGRP, plus connus comme les « gépants ». Grâce à des résultats positifs d’essais cliniques menés dans plus de 70 centres spécialisés, il a été autorisé aux États-Unis en 2019. Son efficacité vient d’être une nouvelle fois prouvée dans une étude publiée ce 28 août 2024 dans la revue Neurology (source 1).

Stopper la crise de migraine dès les premiers signes

Ce traitement innovant permet de prévenir les maux de tête en étant pris dès les premiers symptômes de migraine. Une crise de migraine est en effet souvent précédée de symptômes précoces, comme une sensibilité à la lumière et au bruit, une fatigue, des vertiges ou encore une raideur dans la nuque.

L’étude s’est intéressée à l’effet de l’ubrogépant en comparaison d’un placebo sur des adultes migraineux. Lors de signes annonciateurs d’une migraine, ils devaient prendre le traitement et suivre les symptômes et leur impact sur leurs activités. Ainsi, « les chercheurs ont constaté que dès deux heures après la prise du médicament, les personnes ayant pris le médicament étaient 73 % plus susceptibles de déclarer qu’elles n’avaient « aucune incapacité, qu’elles étaient capables de fonctionner normalement », que celles ayant pris le placebo », d’après le communiqué. Les patients traités avec l’ubrogépant étaient ainsi, rapidement après la prise du médicament et dans la durée, moins limités dans leurs activités que ceux ayant été traités avec le placebo.

« D’après nos résultats, le traitement par l’ubrogepant pourrait permettre aux personnes migraineuses qui ressentent des signes avant-coureurs avant la survenue d’une migraine de traiter rapidement les crises de migraine dans leurs premiers stades et de poursuivre leur vie quotidienne avec peu d’inconfort et de perturbation. Nos résultats sont encourageants, car ils suggèrent que l’ubrogépant peut aider les personnes souffrant de migraine à fonctionner normalement et à vaquer à leurs occupations », a déclaré l’auteur de l’étude, le docteur Richard B. Lipton, de l’Albert Einstein College of Medicine dans le Bronx, à New York, et membre de l’American Academy of Neurology, dans un communiqué (source 2).

De nombreux avantages par rapport aux traitements existants

D’après une revue d’études publiée en 2023 (source 3), « l’ubrogépant est devenu un médicament révolutionnaire potentiel pour le traitement de la migraine ». Et pour cause : au-delà du soulagement efficace et rapide de la douleur, le traitement est bien toléré. Les patients souffrent en effet de peu d’effets indésirables. Aussi, il s’agit d’un traitement non narcotique, donc il n’a a priori pas de risque de dépendance et de surconsommation, à l’inverse de certains anti-douleur. Enfin, contrairement aux triptans, largement prescrits aux migraineux, il n’y a pas de risque cardiovasculaire avec l’ubrogépant.

Ce traitement n’est à l’heure actuelle pas autorisé en France. D’autres médicaments de cette classe thérapeutique des gépants sont par contre disponibles, mais ils ne sont pas remboursés. « Tous ces produits qui ont une bonne efficacité, et qui même chez certains patients particulièrement répondeurs sont très efficaces, ne sont pas remboursés. C’est ce qui freine la mise en route de ces traitements en France », regrette le Dr Perrouty. Selon lui, « ces traitements sont actuellement considérés comme plus efficaces que les tryptans. Ce serait une option thérapeutique très intéressante, mais bloquée par le non-remboursement ».

أحدث أقدم